20 mai • 04 novembre 2012
Commissariat : Fabienne Grasser-Fulchéri, assistée de Claire Spada
L’installation sonore présentée ici est indissociable du lieu d’exposition puisque Pascal Broccolichi a travaillé sur ce site en accompagnant toute la construction du bâtiment de 2001 à 2003. Équipé de capteurs accéléromètres, il a enregistré le mouvement sismique et électromagnétique de l’Espace de l’Art Concret depuis les fondations jusqu'à la pose de la dernière dalle du chantier. En diffusant 10 ans plus tard ces ondes dans les espaces d’expositions temporaires de la Donation Albers-Honegger, il ranime en quelque sorte la dynamique vivante du lieu et superpose sur elle-mêmes, la résonance des harmoniques pures avec leur mémoire immatérielle.
Inspirée par l’espace et ses sonorités propres, cette œuvre se rapproche ainsi le plus près possible du son lorsqu'il devient sa propre architecture. Le volume des salles a été ainsi redessiné en forme d’arrêtes vives, sortes de chicanes acoustiques conçues pour diffuser le plus large spectre possible de ces ondes.
Pascal Broccolichi met en espace la matière sonore, dans un but ni figuratif, ni narratif. Il en résulte une topographie sonore, révélatrice d'un lieu à découvrir. Le son est envisagé comme un vocabulaire de formes qui se prêtent à la création d’installations. C’est une démarche phonographique à grande échelle, puisque l'artiste s’est rendu à plusieurs reprises dans certaines régions désertiques de la planète pour y réaliser des travaux sonores et photographiques. Comme cadre pour sa recherche, l’artiste a développé un réseau d’environnements multiples liés par des relations continues entre une œuvre et la suivante. En exploitant les principes habituels de certaines lois acoustiques et leur champ d’application technologique autour de l’espace d’exposition, Pascal Broccolichi coordonne la typologie des sons avec nos capacités de perception.
Les œuvres de Pascal Broccolichi donnent à écouter au spectateur des phénomènes imperceptibles, un ensemble d’ondes et de vibrations qui révèlent l’activité sismique ou électromagnétique d’un lieu précis. Adoptant une démarche proche de celle du scientifique ou du topographe, il collecte méthodiquement des sons pour tenter de constituer l’archivage d’un espace, pour en faire ressurgir, à l’aide d’un appareillage technique approprié, une mémoire enfouie, un temps aussi immédiat qu’immuable. Le lieu d’exposition devient à la fois le réceptacle de l’œuvre et sa matière première. Il réalise des sculptures-machines, à l’esthétique épurée et technologique, qui fonctionnent comme des volumes autonomes et comme le support de diffusion d’une atmosphère étrange et irréelle. Parallèlement à ces œuvres souvent monumentales, Pascal Broccolichi réalise des séries photographiques de paysages désertiques ou de symboles à la fois abstraits et familiers, dont le procédé d’enregistrement et la logique d’inventaire recoupent son intérêt pour le son. Cahiers de la création contemporaine, dans le cadre de l'exposition « Diagonales » Raphaël Brunel